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Les policiers sont venus frapper aux portes dès 8 heures, ce mardi 24 septembre au matin. Les habitants de l’immeuble Le Carrare, un bâtiment investi par des dealeurs en plein centre-ville d’Echirolles (Isère), dans la banlieue proche de Grenoble, ont été sommés d’évacuer leur logement dans les soixante-douze heures, et pour une durée d’au moins trois semaines. Il y a « danger de mort » pour eux, alerte un arrêté municipal pris la veille, en raison d’importantes dégradations commises par les trafiquants de drogue installés dans l’immeuble depuis quelques années. L’arrêté municipal cite le rapport rendu par une société de diagnostic de sécurité, qui pointe le danger « immédiat et permanent » d’incendie ou d’électrocution encouru par les habitants.
Dans les coursives, les réseaux électriques ont été mis totalement à nu par les dealeurs, qui utilisent les portes en bois des coffrets électriques comme combustible pour les braseros dans des poubelles. « Ce sont des deals qui fonctionnent vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept toute l’année, ils font ça pour se chauffer l’hiver ou le soir », détaille Gilles Bonaventura, responsable de la police municipale d’Echirolles. Les sorties de secours et les escaliers sont entravés par des déchets, des matelas et des meubles en tous genres. « Ça, c’est placé là pour barrer la route aux forces de l’ordre », explique M. Bonaventura en désignant une table de nuit dans un couloir. Au rez-de-chaussée, un accès aux garages a été carrément scellé au fer à souder.
La situation s’est envenimée ces derniers mois, alors que les fusillades se sont multipliées pendant l’été dans l’agglomération grenobloise, en proie à une « guerre des gangs », selon les termes du procureur de la République de Grenoble, Eric Vaillant. Point de deal comptant parmi les plus lucratifs de l’agglomération, l’immeuble Le Carrare a vu sa situation s’enliser, la présence des dealeurs et les échanges de tirs pénalisant toute tentative de travaux et de mise aux normes du réseau électrique. La municipalité d’Echirolles a publié deux arrêtés de mise en sécurité enjoignant aux copropriétaires de faire le nécessaire, en mai et en juillet. En vain, ceux-ci lui ayant opposé leur « incapacité financière » à prendre les mesures nécessaires.
Des studios squattés pour le deal, d’autres sous-loués chèrement, certains dont la porte a été condamnée pour faire cesser les squats, la résidence Le Carrare semble dans l’impasse. « Quand on habite Le Carrare, c’est qu’on n’a pas vraiment le choix », souffle un responsable de la mairie d’Echirolles. « Si j’avais su que c’était comme ça, je ne serais jamais venu vivre ici », raconte un jeune homme de 24 ans, travaillant dans la sécurité, qui loue un studio dans l’immeuble depuis un peu plus d’un an. Les dealeurs « sont venus frapper à ma porte, m’ont menacé, parfois on retrouve du sang sur le sol… », détaille-t-il. Début août, l’immeuble a été le théâtre d’au moins deux fusillades faisant des blessés.
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